Le temps est la succession infinie d’instants présents, transitoires et fugitifs.
Lorsque la pensée focalise son attention sur un instant précis, celui-ci est déjà dans le passé (dans le souvenir d’un temps) : « je commence à prendre conscience de l’instant présent lorsqu’il n’est déjà plus présent mais déjà réalisé ».
L’instant présent isolé n’est pas mesurable par les outils dont dispose l’être humain, celui-ci ne peut donc s’inscrire dans le temps qu’en durées de temps en le délimitant en périodes de début et de fin matérialisées par les artifices de l’horloge et du calendrier.
Il apparaît donc clairement que l’instant présent n’existe pas car, dès qu’il surgit, il n’existe déjà plus, étant du souvenir et, aussi longtemps qu’il est attendu il n’existe pas, étant de l’avenir.
C’est la succession (chronologie) des instants présents pris dans le mouvement du temps qui créent le temps.
« Si je pouvais arrêter l’écoulement du temps, j’observerais une image instantanée et immobile. Si je pouvais ralentir son écoulement, je pourrais concevoir le présent comme quelque chose qui dure plus qu’un instant et ainsi saisir le moment présent pour vivre pleinement la conscience (la présence consciente est la vigilance portée à l’instant) que je pourrais en avoir mais, même dans ce cas, le présent resterait transitoire et fugitif ».
Dès lors, le temps présent concerne une durée infinitésimale touchant le passé immédiat et l’avenir imminent.
De façon pratique, le moment présent est la perception instantanée du réel présent par l’ouverture et l’accueil sincère des sensations, reliée à l’infime et subtile portion de temps passé.
La notion du temps est en réalité un produit de la conscience, par conséquent, vivre l’instant présent est très subjectif : « je discerne l’instant présent uniquement par la conscience que j’en ai ».
L’instant présent se réalise donc exclusivement dans la prise de conscience de chaque instant vécu, associé à la conscience (mémoire) de la chronologie des événements et de la continuité de l’écoulement du temps : « je suis réellement présent au moment présent si je suis simplement présent à mes perceptions (centré) ».
Le temps extérieur à soi est l’accumulation de tous les instants présents des autres dans le couloir du temps.
Lorsqu’un individu se pose et observe son environnement, il discerne un monde impatient au rythme frénétique : « lorsque je me situe en dehors de ma conscience, je partage le monde conscient d’autrui, les temps de chacun s’entremêlent et s’accélèrent, j’ai alors le sentiment ou la sensation de m’abandonner au temps ».
Lorsque l’individu élargit sa perception (intuition) du moment présent, sa conscience se déploie pour exister (être présente à soi) dans un temps subjectif ralenti.
L’instant présent devient alors un temps infini par le possible infini en soi : « le chemin vers soi est une voie sans but (intention) ni fin (la vie est la négation de la mort) qui entrevoit l’éternité du moment présent ».