La réalité est connue (conçue) par les activités concentratives et perceptives.
La concentration désigne un effort conscient de la volonté par lequel est appliqué exclusivement à un objet déterminé toute l'énergie des facultés perceptives (sensitive, cognitive, mnésique et représentative).
La conscience se centre sur les objets, le temps, l’espace et les phénomènes externes et internes pour en connaître (découvrir) les formes et en saisir les significations.
La focalisation de l’énergie consciente est une opération de (re)centrage par laquelle l’effort de concentration est appliqué à la perception de soi dans le champ perceptif environnant.
La conscience produit alors une sélection et un découpage volontaire des perceptions avec l’exagération de la perception de soi et de ses propres sensations.
Se concentrer sur soi est ainsi une voie de connaissance de soi.
Le centrage ne demande pas l’isolement du monde ou une réclusion momentanée dans un donjon en tant que fuite de la réalité mais d’être un observateur à l’écoute de lui-même.
C’est un état d’accomplissement remarquable et unique dans l’existence de l’être dans son environnement.
Une fonction du centrage est d’instaurer l’harmonie en soi en favorisant l’exploration ou la recherche d’un sens existentiel, il est ainsi le chemin privilégié de l’acceptation de soi (congruence).
Être présent à soi en même temps qu’à l’instant du présent, c’est commencer par respirer amplement et profondément, centrer son attention sur les mouvements de la cage thoracique et écouter le son produit par le souffle au travers des conduits respiratoires.
Le centrage est donc l’accueil bienveillant du présent qui surgit à soi et qui naît de soi.
Il permet ainsi de se reconnaître, de se raconter et de pouvoir parler de ses liens affectifs avec son corps et son environnement.
La capacité à s’observer avec bienveillance, à chaque instant qui passe, conduit à la pleine conscience : « l’action de se concentrer sur soi favorise l’état centré et situé d’être en soi, attirant à soi la conscience de soi ».
Un centrage, c’est une pause du temps, c’est un temps qui s’arrête, c’est un temps qui se pose.
C’est une toute petite liberté, mais tellement grande, celle de pouvoir suspendre, autrement que par le sommeil et les loisirs, la vie continue et étourdissante que l’on s’impose de vivre.
L’observation de soi par l’ouverture de la conscience discerne ainsi l’imbrication et l’abouchement des vases communicants de l’inconscient et du conscient : « lorsque j’ouvre le périmètre de ma conscience, je pressens mon inconscient et toutes les raisons que je me suis caché à moi-même ».
La compréhension sincère et le détachement des pensées, des représentations et des croyances, l’acceptation de soi (besoins, désirs, stratégies d’adaptation) et l’authenticité de la congruence rassemblent progressivement l’appareil psychique (inconscient – conscient) : « lorsque je regarde ma réalité, tout ce qui m’est incompréhensible relève essentiellement de la détermination de mes refoulements (oublis, déplacements et transformations de pensées et d’objets psychiques) et donc de mon inconscient ».